UNE VIE TUMULTUEUSE ET ANECDOTIQUE

LA RELIGION A OCCUPE UNE PLACE PREPONDERANTE

  Ma mère est une catholique pratiquante assidue

Elle nous a fait faire une grande partie de notre scolarité en école privée, le primaire et pour certains une partie du secondaire, voire même, pour mon frère aîné, en pension, une école en tant que séminariste pour devenir curé. Pas question de manquer un cours de catéchisme. Mes frères et sœurs ont tous fait leur communion, ont officié en qualité d’enfants de cœurs en l’église de Valbenoite.
Le sacristain, très avenant, nous donnait des hosties. Ce qui nous permettait de jouer à la messe à la maison. Le sacristain était tellement avenant que, comme nous l’a révélé beaucoup plus tard mon frère Alain, il lui caressait les parties génitales.
Nos parents nous donnaient de l’argent pour le remettre lors de la quête. Cela a fonctionné un certain temps, après nous gardions l’argent pour acheter des bonbons.
A la sortie de l’école, il m’arrivait d’aller au bar-tabac pour acheter un bonbon. A l’époque il y avait des bonbons à un centime. J’arrive chez le marchand, le vendeur était occupé à servir un client au bar, il vient vers moi et je lui achète mon bonbon à un centime, cela devait être pathétique. Au moment de partir, j’entends quelqu’un au fond du bar me disant de prendre tous les bonbons que je voulais. J’étais hébété, confus, je ne savais pas quoi faire. L’homme insista, hésitant je pris donc un autre bonbon. « Mais vas-y, prends tous les bonbons que tu veux ». C’était perturbant, je n’osais pas. J’en pris deux trois de plus et, remerciant le monsieur, je suis parti.
Plus fort encore, une de mes sœurs avait fabriqué une pièce de un franc avec le papier aluminium d’une tablette de chocolat. Elle avait frotté le papier aluminium sur une vraie pièce de monnaie pour avoir l’empreinte. Ni une ni deux, elle alla acheter des bonbons avec sa fausse pièce et, tenez-vous bien, la vendeuse lui a rendu de la vraie monnaie de sa fausse pièce. Ce n’est pas beau çà ! Après cela, elle est devenue une faussaire internationalement reconnue (je plaisante).
Mon frère aîné avait toujours quelque chose à cacher. Il avait une sorte de secrétaire. Il installa une serrure. Il se rendit vite compte que ce n’était pas un problème pour moi. Il mit un cadenas à chiffres, trop facile ! Alors il conçu une fermeture un peu plus sophistiquée. Je reconnais que je n’ai pas pu entrer dans son placard par la serrure. Le placard était divisé en deux parties. A droite, c’était sa partie et à gauche la penderie. Je suis passé par la penderie, j’ai déplacé la cloison. Toutes les étagères, qui reposaient en partie sur la cloison, ont dégringolé. J’ai ouvert la porte par l’intérieur, remis tout en place et piqué ses cigarettes et le pognon. Il a supposé que c’était moi qui avais commis ce larcin, mais il n’a jamais compris comment je m’y étais pris. Oui, je lui avais piqué ses cigarettes qu’il avait ramenées d’Espagne. Elles étaient longues et fines et de toutes les couleurs. J’ai essayé de fumer comme tous les jeunes de mon âge sans beaucoup de conviction. J’ai gouté aux cigarettes mentholées, des blondes, des brunes, des cigarillos à la vanille jusqu’au gros cigare cubain. Je trouvais cela dégueulasse, je ne comprenais pas comment on pouvait devenir dépendant de cette merde. Pour ce qui est du cigare, je ne savais pas qu’il ne fallait pas avaler la fumée, j’ai tiré 2 bouffées de suite et je suis tombé aussi sec à la renverse, complètement ivre. Depuis je n’y ai plus touché sauf à de rares occasions comme au mariage d’un de mes frères, mais je n’avalai pas la fumée.

  En cachète, ma mère se mit a étudier la bible avec les témoins de Jéhovah

Ils n’ont pas une bonne réputation, principalement en raison de leur refus de la transfusion sanguine. Ils sont considérés comme une secte venue des Amériques.
Au même moment, ma sœur aînée fit une crise de foi, la foi en l’existence de dieu, il va s’en dire. Alors, désespérée ma mère sollicita ces nouveaux prédicateurs, de sauver sa fille des griffes du diable. Ma sœur accepta d’étudier avec eux et déclara, au bout de quelques mois : « si la vérité existe, elle est là ».
De fil en aiguille, nous nous sommes mis à étudier la bible, à assister aux réunions, trois fois par semaine. Deux heures le mardi soir. Une première heure est consacrée à l’école théocratique. Chaque élève doit faire un sujet sur une portion de la bible. Les hommes, les garçons prononcent des allocutions à l’assemblée et les femmes présentent leurs devoirs sous forme de discussion entre elles. En 2 ans, la bible aura été entièrement lu et étudier. Notre prestation est évaluée et consignée dans une fiche de conseils oratoires personnelle. L’ancien qui dirige cette réunion suit avec attention votre intervention et indique oralement les points à améliorer. Un ouvrage est dédié à l’art oratoire et reprend en détail les qualités oratoires à acquérir. La deuxième heure affectée à la réunion de service. Les orateurs sont déjà plus expérimentés. Ils traitent plus précisément de l’activité de prédication. C’est lors de cette réunion que sont annoncées toutes les dispositions prises par la congrégation, notamment les exclusions, les réintégrations, les arrivées de nouveaux membres, les baptêmes et les nominations. Sont aussi abordées les questions matérielles et fiscales, telles que des résolutions soumises au vote à main levée à propos de l'utilisation des dons reçus par la congrégation. Le dimanche il y a également une réunion de deux heures en deux parties : le discours public et l'étude d’un bulletin puis de La Tour de Garde quand cette revue a été autorisée en France. Les participants sont tous encouragés à bien préparer cette étude avant d’y assister, notamment en soulignant à l'avance les réponses aux questions pour l'examen de ce périodique. En semaine, une autre réunion est organisée. Il s’agit de « l’étude du livre ». Un représentant de la congrégation dirige l'étude d'un manuel qui traite de sujets dogmatiques et pratiques. Cette réunion se déroule avec un système de questions-réponses similaire à celui de l’étude de La Tour de Garde. Progressivement, les uns après les autres ils se firent baptiser, sauf mon père qui ne s’intéressait pas du tout à cela.

  Pour ma part, je trainais des pieds.

J’exaspérais les prédicateurs qui tentaient de m’enseigner la moindre chose. J’en n’avais rien à faire. Pourtant, petit, je me suis toujours dis que quand je serais grand je serai « un sage » quelqu’un de réfléchi, posé (il se la pète ! … eh bien non, c’est vrai), et que quand je serais vieux, j’aurais une barbe et fumerais la pipe (je ne vois pas le rapport, mais c’était ce que je me disais).
Sournoisement les choses se sont gâtées. Mon frère aîné commença à sortir avec ses collègues de travail et à courtiser le sexe opposé. La fornication est un péché, il a été exclu.
Ma sœur aînée, pionne au lycée du Mont, a succombé aux avances d’un beau jeune homme et tomba enceinte, elle a été exclu.
Ma seconde sœur est restée intègre jusqu’au mariage, bien qu’une fois, alors que nous étions seuls à la maison, au lieu d’aller à la réunion, sous prétexte que nous étions en retard, elle me proposa de me faire un cours sur la sexualité, les différences entre l’homme et la femme. Sérieux, je ne savais pas où elle voulait en venir. Je mis fin rapidement à cette conversation.
A cette époque, mes parents étaient séparés. Ma sœur venait de se marier et vivait à Montbrison. Mon frère Christian était en prison refusant de faire le service militaire. Et l’autre se préparait à fuguer. Nous étions trois à la maison dans ce grand appartement. Ma mère était complètement abattue.
S’apprêtant à partir, j’ai supplié, en pleurs, mon frère Alain de rester avec moi. Avec un sourire ironique, il partit par la fenêtre. Il avait bien calculé son coup, il s’était placé sous la tutelle du juge des enfants et placé dans un foyer de jeunes, suivant les conseils de la famille de la fille qu’il fréquentait.
Ma mère était opposée à cette relation. Je reconnais que cette famille avait des meurs douteuses. Mon frère et sa copine, étaient partis en promenade en direction de Rochetaillé. Il y avait également une cousine de mon âge qui nous accompagnait. Tout le long du chemin elle demandait à la copine de mon frère de me demander si je voulais sortir avec elle. Elle ne tenait pas en place. Par moment, elle partait en avant, s’isolant pensant que j’irais la rejoindre. J’étais trop prude. Quand j’y pense, je me dis que j’ai raté une belle occasion de m’occuper d’elle. Cela aurait été ma première expérience. Par contre, mon frère a su tirer parti de cette sortie.
Une autre fois dans le parc de Clairville, alors que je marchais tranquillement, j’ai été abordé par deux filles. Elles m’aguichaient, faisant tout pour m’allumer. Rien à faire, je restais stoïque, fidèle à ma vertu de con.
Je m’égare. Revenons au fait que maintenant j’étais seul avec ma mère. Je travaillais comme électricien dans le bâtiment chez Bourgin & Fils. Je donnais tout l’argent que je gagnais à ma mère : 900 Francs par mois. Sauf le jour de ma première paye où, pour l’arroser, j’ai acheté une bouteille de Kriter.
J’étais le seul enfant qui avait gardé des contacts avec mon père. J’allais régulièrement le voir. Ma mère était souvent alitée, je faisais les courses et le repas en suivant, de son lit, ses conseils. Je voyais que malgré tout son mari lui manquait. Je profitais des occasions où je voyais mon père pour lui parler des souffrances que subissait ma mère. Et je voyais bien également qu’elle lui manquait. Ainsi, insidieusement et par mon intermédiaire, ils se sont remis ensemble.
A l’occasion des retrouvailles et vu l’état de ma mère, ils décidèrent de partir en maison repos. Je n’avais que 16 ans, je me retrouvai vraiment tout seul. Mes parents avaient demandé à ma seconde sœur, qui se trouvait à Montbrison, de prendre soin de moi. En pratiquement deux mois de solitude, ils sont venus une fois et je ne sais plus pour quelle bonne raison, j’ai ramassé une tarte que je ne suis pas près d’oublier (la preuve !).

  J’ai tout plaqué

Au bout de quelques jours, voyant mes camarades s’amuser et moi partir au travail, j’ai tout plaqué. Les premiers jours j’avais un peu d’agent pour manger puis après j’ai demandé au commerçant de faire une note que je règlerais en fin de mois. Mais comme en fin de mois je n’avais pas d’argent, je ne pouvais plus faire de courses et chaque fois que je passais devant l’épicerie, je me faisais tout petit. A partir de ce jour tous mes repas se limitaient à un bol de semoule et un peu de sucre avec des rations de plus en plus petites. Durant cette période, mon frère aîné est venu récupérer quelque chose, il a vu dans quel état je me trouvais, il est repassé le lendemain et nous avons mangé un bon bifteck. Mon frère Christian qui était en prison, m’a dit un jour qu’il était conscient de la dureté des choses de ce que je vivais.
Avec les copains, nous faisions les caves. J’ouvrais les serrures des caves, à l’aide d’un tournevis dont j’avais recourbé l’extrémité. Dans certains cas on pouvait passer par-dessus les portes. Nous sommes tombés sur une cave rempli de bouteilles de vin. Nous avons pratiquement vidé la cave. Après notre passage il devait n’en rester que quelques-unes. Un gars de la bande a voulu récupérer en solo le reste. Il s’est fait piquer par le propriétaire. Il l’a laissé partir, lui disant qu’il ne voulait pas qu’on utilise sa cave comme entrepôt. En effet, il y avait eu un casse dans une cave à vin. Du jour au lendemain sa cave s’est remplie de bouteilles. Il a pensé que c’était nous qui avions fait le coup. Ce jour-là, nous avons bu plus que de raison, c’était pour moi, la première fois et la dernière fois, d’ailleurs je n’ai pas pris un plaisir particulier à faire ça. Vu ce que j’avais vécu avec mon père, j’avais plutôt tendance à éprouver de la haine quand je voyais quelqu’un abuser d’alcool. Avec l’âge je me suis calmé, je faisais du cas de mon père une généralité. Alors que dans la grande majorité des cas, les gens, quand ils ont un coup dans le nez, sont amorphes et vont se coucher.
Mes parents revenus de leur convalescence, je partais le matin, faisant semblant d’aller travailler. Ils réglèrent l’ardoise que j’avais laissée à l’épicerie (il n’y avait pas grand-chose). J’avais menti à mes parents, prétendant que mon patron avait des difficultés financières et qu’il avait du retard dans le paiement des salaires. Ils me mettaient la pression pour que je réclame mon dû. J’envisageais de faire un casse dans un magasin où personne ne me connaissait. Je suis même entré dans le magasin et quand j’ai vu la petite dame tenir la boutique j’ai fait demi-tour. J’étais tellement désespéré qu’un jour j’ai décidé de faire un pacte avec le Diable. Je suis parti à pied en montagne du côté de Rochetaillé et dans une clairière à l’abri de tous regards, j’ai tracé un cercle au sol et me mettant au centre j’implorai avec force, le Diable de me venir en aide étant prêt à signer avec lui n’importe quel traité. Malheureusement sans grande conviction, rien ne s’est passé mais qui ne tente rien n’a rien! Probablement que c’était mieux ainsi. De toute manière ma situation était sans issus, il fallait que je dise tout simplement la vérité à mes parents. Cette double vie m’était insupportable. Le facteur s’était rendu compte de ma situation. A plusieurs reprises, il essaya de me parler. J’étais assez distant, je le prenais pour un pédophile. Il prit les devant et parla à mes parents. Mon père sortit, me prit dans ses bras et nous sommes rentrés à la maison sans un mot. Je n’ai eu aucune remontrance, aucune allusion. Je pense qu’ils avaient pris conscience de la terrible épreuve que j’avais vécue. « Sache que toute épreuve qui t’est infligée est nécessaire et porte en elle-même le secret de ton bien. Trouve en elle une occasion de progrès et une raison de devenir meilleur » écrivit Pythagore. Apres cela, j’ai pris la décision de couper court avec toutes mes relations dans la cité. J’étais chef de bande avec mes gardes du corps et je pense qu’un jour ou l’autre cela aurait mal tourné.
J’ai peu de souvenir du mariage de mes sœurs. Ma sœur aînée, s’est mariée en la présence de sa fille. Elle avait une magnifique robe de couleur du type tsigane avec un superbe chapeau. Quant au mariage de mon frère aîné, je me rappelle avoir joué de la guitare avec sa belle-sœur à la flûte et être passé sous la table pour avoir bu un peu trop. Il me semble que, pour l’occasion, j’avais récupéré le costume « Mao » de mon frère Alain et sa chemise blanche à col roulé.

  Montbrison

Je suis parti à Montbrison, chez ma sœur, en attendant que mes parents trouvent un logement. Je travaillais à la Somélec comme électricien à 1 300 Francs par mois.
Fréquentant de nouveau les Témoins de Jéhovah par le biais de mon beau-frère qui avait des responsabilités dans la congrégation, je me suis trouvé une petite amie. Elle travaillait aux standards des télécommunications. Elle venait me récupérer à la sortie du travail et me ramenait à Beauregard chez mon beau-frère. Mais entre-temps, j’en profitais. Dès la première fois, je l’ai embrassée sur les lèvres avec passion puis progressivement je lui caressais la poitrine, défaisant un à un les boutons de son chemisier. Glissant furtivement ma main sous son bustier caressant chacun de ses petits seins jusqu'à dégrafer complètement son soutien-gorge. Tout en l’embrassant langoureusement, je sentais que je pouvais aller plus loin. Alors, j’entrepris de caresser son entre-jambe sur sa jupe. Toujours sans opposition de sa part, je mis ma main sur ses genoux et je remontais lentement sous la jupe en direction de sa petite culote. Arrivé à destination je frottais délicatement ma main sur son sexe par-dessus son slip pour finalement passer à l’intérieur. J’étais en contact avec son clitoris que j’excitais du mieux que je pouvais. Enfin, mon majeur pénétra son vagin faisant des allers-retours de plus en plus vigoureux. Son vagin de plus en plus humide se dilatait me permettant ce coup-ci de placer un doigt en plus l’index. Je bandais comme un âne, c’était la première fois que je touchais une fille. Je lui proposais d’incliner le fauteuil pour avoir une relation, mais elle s’y opposa. Mes relations avec cette fille n’ont jamais pu aller plus loin. Etant Témoin de Jéhovah, il n’était pas concevable d’avoir des relations sexuelles avant le mariage. D’autre part n’étant pas baptisé, je ne pouvais même pas imaginer pouvoir me marier avec elle. J’ai mis fin à cette aventure.
Professionnellement, suite au départ d’un employé, je bénéficie d’une promotion. D’électricien en bâtiment je suis devenu câbleur en atelier. Cela consistait au câblage d’armoire électrique. Cependant cela n’a pas duré longtemps, l’employé que j’ai remplacé avait tenté de se mettre à son compte sans succès. Il revint dans l’entreprise et moi sur un prétexte invraisemblable je fus licencié.
J’ai fait un stage comme soudeur à l’arc en semi-automatique chez Potain.
Puis un jour, le directeur de la SMS (Société de Mécanique de Savigneux) a vu mon CV à l’ANPE (Agence Nationale Pour l’Emploi) vint à la maison, me proposant un emploi en qualité de dessinateur industriel à 1 700 Francs par mois. Cette entreprise est spécialisée dans la fabrication de fraises à bois. Pendant 6 mois j’ai dessiné des fraises à bois (pas des bois). Les différents angles d’attaques, de détalonnage avaient été déterminés par expérience par divers essais. Je leur ai pondu une formule mathématique en fonction du diamètre de la fraise, de la vitesse de rotation etc. Cette formule a été testée et validée.
A la salle du royaume des Témoins de Jéhovah, je suis tombé fou amoureux d’une fille de Panissières. « L’amour est aveugle » disait Platon. Rien que de voir la voiture de sa mère, signifiant la présence de sa fille, mon cœur battait la chamade. Panissières se trouve à 38 kilomètres de Montbrison. Je partais tous les week-ends en stop chez ma future belle-famille. J’étais super bien accueilli.
Par le travail, à l’huile de coude, ils avaient acquis une grande maison, un jardin et mis de côté pas mal d’économies. Ma belle-mère attachait une importance toute particulière à l’habillement, ayant souffert d’un manque évident durant la guerre.
Le père d’origine russe était lui aussi alcoolique. J’ai dû intervenir une fois lorsqu’il frappa sa femme. Enragé, je l’ai cogné avec mes poings et au sol à coup de pied. Je pensais l’avoir complètement « destroyé ». Que nenni, le lendemain rien n’en transparaissait.
La relation que j’entretenais avec ma future femme était platonique. Je pouvais l’embrasser, la serrer dans mes bras, un point c’est tout. J’ai bien fait quelques tentatives en risquant la correctionnelle. Si j’avais insisté ça aurait été la rupture garantie.
Pour la bague de fiançailles, j’ai gardé exceptionnellement un mois de salaire pour pouvoir l’acheter.
Ma future belle-mère fit une grave dépression, moi, c’était une chose que je ne comprenais pas. J’ai eu des propos durs avec elle disant qu’avec quelques coups de pied au cul cela irait mieux. J’aurais dû écouter le Perse Zoroastre « Rien ne convient mieux à l’ignorant que le silence ». Et Horace de poursuivre « Une fois une parole lancée, elle ne peut revenir » et Homère « Au mal une fois fait, il n’est de remède ». Ce n’est que des années plus tard que j’ai regretté ces propos, quand moi-même j’ai fait une dépression. « Ne pas se corriger après la faute, c’est là qu’est la faute » dit Confucius. Je suis donc allé la voir et prié de bien vouloir excuser cette ignorance irréfléchie.
Mon frère sorti de prison, travaillait comme électricien de maintenance dans une société d’extrusion pour la fabrication de sac en plastique. Il gardait une grande partie de ses revenus préparant son futur mariage. Je parle de ça, car j’ai toujours eu en travers le fait que mes frères et sœurs gardaient, il me semble, la plupart du temps, leurs salaires. Et il ne savait pas que c’est grâce à l’argent que je donnais à mes parents qu’ils ont pu participer à son mariage. Je me suis fiancé le jour de son mariage. Pour l’occasion, je portais un costume de mon frère aîné, qui m’était un peu large au niveau des épaules. A partir de ce jour, j’ai commencé à pouvoir mettre de l’argent de côté, ne versant plus que l’équivalent d’une pension alimentaire à mes parents. Il quitta son emploi pour s’installer à Carpentras dans le Vaucluse, et je pris sa place dans la société Altec-Sopitec.

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