NOTRE FACULTE DE PERCEVOIR PAR LES SENS, PAR L'ESPRIT

En psychologie cognitive, la perception désigne l'activité mentale par laquelle l'individu prend conscience de son environnement, en recevant et en interprétant les informations qui l'entourent.
Malgré que nos ressources soient limitées, nous parvenons à discerner une certaine vision du monde. Cette perception nous semble complète car nous avons même tendance à penser que notre propre perception est fiable au point de la considérer comme partagée par tous. Notre cerveau construit une vision globale de la réalité en filtrant, traitant et interprétant les signaux envoyés par le monde en émettant sans cesse et de manière inconsciente des hypothèses sur le monde ou sur son fonctionnement. Ce processus se déroule à notre insu, à la fois dans nos souvenirs, dans le moment présent et même dans notre mémoire autobiographique. (Psychologue Moukheiber, 2019, p. 18–19)
Stan Klein, un scientifique, sait penché sur la notion de "self", qui englobe le moi, et il a exploré le paradoxe de la continuité du soi. Ces paradoxes se trouvent dans notre mémoire, qui est constituée de trous. Nous sommes effectivement incapables de nous souvenir précisément de notre existence, heure par heure, au jour le jour, depuis notre naissance. On accepte ces manques car on n’y pense pas. La réalité est racontée par notre cerveau à travers des coupes et des collages, ou il comble les vides de notre mémoire. Ne pas réaliser qu'il y a des vides dans notre compréhension, dans notre connaissance, dans notre perception et dans nos interactions avec les autres peut avoir des conséquences importantes.
Par ailleurs des phénomènes multistables présentent chacune une ambiguïté quant à leur interprétation et apparaissent dans diverses situations : illusions d’optique, images ambiguës ou scènes qui peuvent être perçues sous plusieurs perspectives. (Voir un exemple à droite) Face à ce type de situation, le cerveau choisit l’une des options à un instant mais est aussi capable de choisir l’autre option à un autre moment. La perception est ainsi sujette à des fluctuations spontanées, sans intervention extérieure, et la perception dominante peut évoluer à tout moment. La stabilité perçue est donc un concept mental, une reconstruction cérébrale, souvent influencée par nos attentes, nos expériences passées ou nos modèles mentaux et non une réalité concrète. Il y une concurrence entre les réseaux neuronaux, où plusieurs représentations s’activent simultanément en compétition. La perception dominante est celle qui gagne cette compétition, mais les autres restent en réserve, prêtes à prendre le dessus.
Pour façonner cette perception du monde, le cerveau va être influencé par des facteurs internes à l'individu, tels que nos connaissances, notre état d'éveil, notre état émotionnel et nos motivations. Il faut également prendre en compte les facteurs externes à l'individu qui ont un impact sur la cognition, comme le contexte social, culturel, visuel et l'environnement dans lequel nous vivons (Psychologue Gibson, 2014).
Ce phénomène explique notre capacité à percevoir des choses qui n'existent pas ou, à l'inverse, à passer à côté de ce qui est pourtant évident. En concentrant notre attention sur certains éléments, nous en ignorons parfois d’autres, qui peuvent être essentiels. Ainsi la perception sélective est utile pour se concentrer, mais elle crée aussi des illusions qui peuvent avoir des conséquences graves, notamment dans la vie quotidienne ou lors d’enquêtes. Notre attention est limitée et nous ne pouvons traiter consciemment qu’une fraction de l’information sensorielle. La confiance excessive en nos sens ou en nos souvenirs peut entraîner des erreurs graves dans des domaines cruciaux, comme la justice ou la sécurité. La mémoire est donc une construction dynamique, souvent faillible, qui peut engendrer des faux souvenirs ou des erreurs de reconnaissance.